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Il faut bien manger

Dans le numéro 343 de la revue Liberté, « Nourrir son monde », j'essaie d'esquisser une archéologie de la faim qui trace une ligne entre pauvreté, anorexie et littérature. De quelle privation imposée s’éloigne-t-on lorsque l’on s’oblige au jeûne ? Quelles nourritures la culture offre-t-elle au corps en carence ?

À seize ans, je travaillais dans la boulangerie d'un Provigo, je ne savais pas de quoi l'avenir serait fait, je ne pouvais pas savoir puisqu'il semblait ne pas y en avoir, d'avenir, pour celles et ceux qui m'entouraient.

 

L'époque est à la fatigue qui nous attend toujours au détour et qu'il faudrait combattre sur tous les fronts. C'est sans doute facile de se demander ce que peut la littérature quand rien ne va plus, pour tout ce qui ne va pas. J'aime croire qu'elle peut ce qu'elle a pu pour moi : inventer d'autres voies. Et aussi que c'est très bien qu'elle puisse peu, puisque n'étant pas affaire de « pouvoir », elle échappe aux espaces où il s'exerce, le pouvoir. 

 

J'ai eu une sorte de plaisir très plaisant à faire se rencontrer l'épouvantail de mes seize ans, le souvenir des éditions spéciales limitées des biscuits Pillsbury, l'anthropophagie, la lecture et le fromage de chèvre de Liliane Giraudon sous le signe de cette formule, empruntée à Jacques Derrida : « Il faut bien manger. »

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Liberté no 343

  • Été 2024

  • 18,00 $

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